Quel plaisir de les avoir toutes le deux auprès de moi ,lors de mes fiançailles ,puis de mon mariage!Notre "clan"était reconstitué et s'était élargi par la force des choses.Ma grand'mère,en raison de ses problèmes de santé ,était dans l'impossibilité de s'occuper de son magasin et en accord avec mon compagnon,nous l'avions accueillie dans notre foyer.Je me réjouissais de la voir ,chaque après-midi,se rendre chez maman ,à quatre maisons de la nôtre,pour papoter tout en cousant.Parlaient-elles du passé ? Je ne m'attarderai pas sur les années 60-70,comme je l'ai indiqué en début de ce récit ,là n'est pas mon propos.Je dirai simplement que la vie nous paraissait facile avec un travail qui nous plaisait,et des loisirs divers.Il y eut de nouveaux amis ,ou du moins que je croyais tels,des vacances à Biarritz aux soirées prolongées dans des discothèques à la mode ou dans des fêtes basques,des séjours dans la villa toujours pleine que nous avions fait construire au bord de l'Océan,des concerts de chanteurs en vogue sous le ciel étoilé de la citadelle de St Tropez .Mais je n'omettrai pas Mai 68!La révolte ,tout d'abord estudiantine,puis générale,avait gagné notre ville .Pour la première fois ,j'osai participer à un défilé et à une grève illimitée.Au diable l'éducation bourgeoise,il fallait changer la société et être dans l'air du temps.Entraînée dans cette vie quotidienne ,en mouvements,j'avais occulté,plus ou moins volontairement mon passé.Il me revint à l'occasion du décès de ma grand'mère maternelle qui nous quitta dans ces années-là.Elle avait été si présente ,et nous avait soutenues si intensément que j'éprouvai ,à son départ un vide immense ,semblable à celui que j'avais ressenti dans mon enfance. Mon grand-père resta quelque temps seul puis séjourna tantôt chez mon oncle ,tantôt chez ma mère et finit par s'installer définitivement chez cette dernière.
